Vos actions : Créer un document, voir la page générale.

Illustration/Bande dessinée Bac 2&3

Home /

Le récit de soi

BD/ILLU BAC3
Septembre 2023 - Sujet 1

Le « récit de soi » dans la bande dessinée et l’illustration

Le premier sujet, qui vous occupera pendant tout le premier quadri, est un travail de récit en image solo sur le “récit de soi”. Il s’agit d’une réflexion sur l’autobiographie et la mise en scène de soi à travers la bande dessinée et l’illustration. Afin de vous aider à traverser ce chantier, nous balisons votre parcours du lancement jusqu’à son aboutissement :

1. phase d’écriture et de recherche - Octobre :
Qu’est-ce que je raconte, de quoi je parle, quel degré de réalisme, de vraisemblable dans le récit (le “willing suspension of disbelief”), quelle distance : “je” au passé, au présent, au futur, qui est ce “je” ? Récit de soi, représentation de soi ? Comment nourrir ce récit, qu’est-ce que j’ai à dire, comment je peux le dire ? L’occasion de regarder comment on travaille l’équation auteur·ice/narrateur·ice/personnage(s).
(cette phase sera soutenue par l’apport de contenus critiques).

2. phase d’expérimentation plastique - Octobre :
Trouvez vos outils, votre gamme de couleur, vos textures, la forme, votre objet, faites des tests, faites des maquettes. Cette phase sera soutenue par des apports techniques spécifiques et des références en réponse à ce que vous produirez.

3. mise en scène du récit (découpage, story board, maquette) = 10 novembre

4. réalisation finale pour les cotations de décembre.

+ visite de l’expo de Marc Bell et Nina Vandenbempt au Sterput = date à déterminer

La phase d’expérimentation et la phase d’écriture doivent se nourrir l’une et l’autre : acceptez de n’avoir pas tout résolu, le passage à l’image fait raconter autrement, le récit revient sur la forme aussi, il faut pouvoir travailler les deux de front.

Le passage par un découpage/story board/maquette nous permet de travailler la compréhension du récit ; à ce stade votre récit doit être lisible, compréhensible, et à un stade qui permet de retravailler des situations en fonction du sens, de la compréhension, fluidité, rythme.

La réalisation finale est aboutie, tout le récit est accessible sous une forme définitive. Ajustez votre récit en fonction de cette donnée, un récit fleuve de 300 pages à l’état d’idée dans un carnet ne nous intéresse pas.

À un niveau de très grande généralité, on peut se demander par exemple si
l’autobiographie en bande dessinée aide à repenser la question de l’autobiographie elle-même. Un rapide survol des récents travaux théoriques en ce domaine dégage vite deux points essentiels, qui touchent non seulement à la définition, mais aussi et surtout aux enjeux de l’autobiographie.

"Le premier point est celui de la structure narratologique du genre. Est
autobiographique, toute oeuvre où se superposent les trois instances de l’auteur, du narrateur et du personnage. Le second point est celui du contrat de lecture offert par l’autobiographe, lequel s’engage à ne pas tricher, par exemple en faisant parler quelqu’un d’autre à sa place ou en préférant les mirages de la littérature aux rigueurs de la vérité. L’un et l’autre de ces points, qui constituent ensemble le socle des études modernes de l’autobiographie, ont certes été beaucoup assouplis et nuancés, mais leur validité globale reste incontestée. L’autofiction par exemple, qui se dérobe gentiment aux exigences du pacte autobiographique traditionnel tout comme elle enfreint parfois la règle de l’identité sans faille des trois instances autobiographiques, ne le fait pas sur le mode négatif : c’est au nom d’une vérité supérieure du sujet, que seule la fiction saurait garantir, que l’autofiction s’adonne aux jeux de l’invention, du style, en un mot de la littérature."
Jan Baetens

Quelle est la relation entre les trois instances de l’auteur, du narrateur et du personnage dans ton récit ? Est-ce que tu comptes respecter le “contrat de lecture” entre lecteur et autobiographe ? Ou bien le rompre ? Ou encore, inventer un autre contrat ?

L’autrice Marjane Satrapi s’appuie sur les termes du contrat autobiographique entre lectrice et autrice pour affirmer son rôle d’observatrice dans le récit.
Elle dit en 2020 : "J’ai utilisé mon histoire personnelle pour raconter quelque chose qui se passait autour de moi. Je n’avais pas d’autre moyen que de prendre ce parti-là parce que si je faisais autrement, c’était comme si je prétendais que j’étais soit sociologue, soit politologue, soit philosophe, soit historienne ; et non seulement je n’ai pas cette prétention, mais en plus je n’ai même pas la connaissance et la science pour ça, ce n’est que mon point de vue personnel."

« La vie n’est pas ce que l’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient » (García Márquez 2003 : 7).

On peut présenter comme authentique ce qui est imaginaire ; à l’inverse, présenter comme imaginaire ce qui est authentique. Tenez compte de la tension entre le réel et l’irréel, et choisissez consciencieusement : embellissements, déformations, exagérations, minimisations, omissions et silences.

Bien souvent, en effet, en régime fictionnel, plutôt que de se livrer à d’authentiques transgressions, il s’agit pour l’auteur, du sein du texte et/ou depuis sa périphérie, de « mettre en place un espace ludique de jeu avec la question de la fictionalité” auquel le lecteur se voit convié – et dont, en dépit des apparences, le pacte sort somme toute renforcé. On voit ceci dans le travail d’Olivier Shrauwen, par exemple.

RÉFÉRENCES à explorer :

“Où” Sébastien Lumineau
“Gris” Olivier Schrauwen
“Journal” , “Corps Vivante” “Moi aussi je voulais l’emporter” Julie Delporte
“Dirty Plotte” “Journal” “Suicide Total” Julie Doucet
“Fun home” “C’est toi ma maman ?” Alison Bechdel
“Pilules bleues” Frédérik Peeters
“Un homme sans talent” Yoshiharu Tsuge
“Persepolis” Marjane Satrapi
“Gen d’Hiroshima” Keiji Nakazawa
“Faire semblant c’est mentir” Dominique Goblet
“Baby Boom” Yuichi Yokoyama
“Heimat” Norah Krug
“Pendant que le loup n’y est pas” Mathilde Van Geluwe et Valentine Gallardo
“La tendresse des pierres” Marion Fayolle
“L’année exemplaire” Lisa Mandel
“Genderflou” Tamos le thermos
“I know you rider” Leslie Stein
“Alec” Eddie Campbell
“Susceptible” Geneviève Castrée
“Cent démons” Lynda Barry
“Le titre ne convient pas” Martin Lopez Lam
Camille Vanhoof : https://www.instagram.com/camille.vanhoof
Salome Lahoche : https://www.instagram.com/salomelahoche
Margot Criséo : https://www.instagram.com/margotcriseo
“I hate you but you don’t know it yet” Nadine Redlich
“Anti-reflux” David Amram
“Petar & Liza” Miroslav Sekulic (témoignage, portrait)
“Ovni à Lahti” Marko Turunen
“Les écrans” Jacques Ristorcelli

=> Explorer l’autobiographie US : Justin Green, Robert Crumb/Aline Aline Kominsky-Crumb, Diane Noomin, Joyce Farmer, Art Spiegelman, Craig Thompson, Debbie Drechsler, Phoebe Gloeckner, Chester Brown, Seth, Joe Matt...

= >Explorer les catalogues des maisons d’éditions francophones dites “historiques” qui éditent de l’autobiographie : Ego comme X (Fabrice Neaud, Frederic Poincelet..), L’association (JC Menu, Satrapi, David B, Trondheim, Joann Sfar, Blutch), l’employé du Moi (David Libens, Alec Longstreth, John Porcelline, Noah Van Sciver, Ken Dahl, Pascal Matthey…)

Articles : À la base des premiers récits autobiographiques en bande dessinée/en image, souvent des témoignages (guerres, conflits, exils…) : https://www.citebd.org/neuvieme-art/autobiographie

+ 3 formes d’auto-récit dans l’oeuvre de Julie Doucet, tiré de cet article de Johanna Schipper : https://www.citebd.org/neuvieme-art/rever-comme-en-plein-jour-les-nocturnaux-graphiques-de-julie-doucet

Image en tête de l’article extrait de Dirty Plotte de Julie Doucet.

Par Joanna, 24 avril 2024