Raconter d’un point de vue "autre" - "Je, moi, l’autre"
BD/ILLU BAC3
année 2024-2025
Je, moi l’autre.
Toute histoire est raconté d’un point de vue, que ce soit celui d’un narrateur, de l’auteurice, d’un ou de plusieurs personnages. La narration en images nous permet d’adopter différents points de vues, que nous appuyons à travers nos choix de technique, de plan et de cadrage. Un chien verra le monde sous un angle mais un pou sur le chien verra autre chose ; l’image est l’outil de traduction que nous utilisons pour exprimer chacun de ces points de vues.
Dans la narration par l’image, le point de vue peut se révéler plusieurs niveaux de lectures dans le récit, c’est ce qui fonctionne si bien dans la littérature jeunesse qui va solliciter la sagacité du·de la lecteur·ice : l’image peut tout aussi bien contredire ou confirmer ce que raconte le texte ou les dialogues. Par exemple, un jeu de cadrage dans les images peut permettre aux lecteur·ice·s de saisir des éléments de compréhension visible pour elleux, mais inaccessibles aux personnages du récit. Un autre exemple serait celui du changement de plan (zoom ou dé-zoom) qui révéle quelque chose qui a été omis dans la narration.
Enfin, un point de vue différent engage une réflexion sur la phénoménologie : qui voit quoi, qui sent quoi ? Comment le monde est il ressenti par un être non humain ? Par un être humain dont les sens se comportent différemment ? Comment ses informations pourraient nourrir la narration, le dessin ?
Les choix du matériel et de la technique de dessin, le type d’écriture qui en résulte peuvent être rélféchis afin de soutenir, suggérer un point de vue. Travailler un climat, rester dans l’indécis ou dans la certitude. Des techniques plus douces et floutées (pastels secs, aquarelles) communiquent une sorte de vision, tandis que les techniques plus raides (l’encre de chine, la gravure lino) communiquent une autre. Évidemment, on peut choisir d’utiliser différentes techniques à différents moments d’un récit, afin de montrer divers points de vues, ou l’évolution d’un point de vue.
Cet intitulé souhaite vous embarquer dans un récit à une ou plusieurs voix, mais au moins une dont le point de vue est inattendu, nous fait nous déplacer dans notre manière de recevoir les choses, de traverser un événement.
Quelques pistes :
Shel Silverstein « The giving tree »
Gabrielle Bell « Cecil and Jordan in New York »
Alberto Breccia « Rapport sur les aveugles »
Bryan Ralph « Daybreak »
Michael Deforge « Ant Colony »/ »Big kids »
Jesse Jacobs « sous la maison »
Carmen Chica et Manuel Marsol « La montagne »
Charlotte Lemaire « Les chaussures lentes et le curieux chemin »
Giacomo Nanni « Acte de Dieu »
Sara Lundberg « La promenade du chat »
Nadine Redlich « Stones »
Eva Lindström « Dans les bois »
Jordan Scott / Sydney Smith « Je parle comme une rivière »
Littérature
« Vers la nuit » John Hull
« Anima » Wajdi Mouahad
Sciences humaines
– « Apprendre à voir, le point de vue du vivant » Estelle ZHONG MENGUAL
image de tête : Liana Finck