Des auteurices en "conversation" avec leurs références
Nos références, ce sont des oeuvres et des artistes avec lesquelles nous entretenons des « conversations » productives à travers l’acte de créer. Ce dialogue peut apparaître sous différentes formes et servir de multiples fonctions en même temps. Par exemple, une citation littéraire peut révéler quelque chose sur un personnage et aussi servir d’analogie ; une citation picturale peut structurer la composition d’une image et aussi situer l’artiste dans l’héritage d’un mouvement artistique.
Voici quelques exemples de "dialogues" entre des auteurices et des oeuvres qui les inspirent :
ATAK Ada, Un monde à l’envers, Dans un Jardin, Martha était là...
Les dessins de l’illustrateur Atak regorgent de personnages et d’images empruntés à l’histoire de l’art et à la culture populaire. Parfois ces emprunts sont évidents (des petits Mickeys de partout !) et parfois ils sont imperceptibles : dans les choix de couleurs, par exemple, ou les compositions.
"I have a big box where I put material that I’ve found on the street or in magazines. Then in the summer, when I’m sitting in the summer house, I stick everything into sketchbooks. These are important books for me. I often use them when I’m looking for an idea. I like to make connections between this and that. (...) When I take something to use in my own work, it’s more about the idea of composition and atmosphere. It’s not just a reference that people will know."
Atak explique sa façon de travailler sur le blog de Picturebookmakers
Alison Bechdel Fun Home : Dans ce roman graphique qui raconte la relation compliqué avec son père, la bédéiste se réfère à plusieurs oeuvres de fiction, dont Camus, Fitzgerald, Henry James et la bd strip de la famille Adams. Bechdel, l’autrice-narratrice du l’histoire, explique : “I employ these allusions not only as descriptive devices, but because my parents are most real to me in fictional terms."
Article littéraire sur LitHub examinant les références littéraires dans Fun Home
Julie Delporte Moi aussi je voulais l’emporter
L’autrice est partie en Finlande pour faire des recherches avec l’intention de dessiner une biographie de Tove Jansson, autrice de la série Moomins. Le livre qui en résulta ressemble plus à un essai autobiographique inspiré par l’oeuvre et la vie de Jansson. Delporte explique :
"(...) j’ai mis quatre années à écrire concrètement le livre… La dynamique inconsciente de mon intérêt pour Tove Jansson a eu le temps de m’apparaître. Elle agissait sur moi comme un modèle structurant, et je manquais cruellement de modèles féminins positifs. C’était la première femme dans l’histoire de la bande dessinée dont j’adorais absolument l’oeuvre et la démarche. La lecture de ses biographies m’a également fait tomber amoureuse de son caractère et de ses choix de vie. La diversité de ses pratiques artistiques, son rapport à la solitude et à la nature : elle m’inspire énormément."
Entretien sur le site de sa maison d’édition, Pow pow
Olivier Josso Hamel Au travail
Dans ce récit autobiographique, l’auteur interroge son rapport à la bande dessinée en retraçant ses souvenirs d’enfance et en redessinant, à sa manière, les cases et personnages qui l’ont marqué.
Hamel : "Ces livres sont nés d’un besoin, il y est question de mémoires, de famille, de généalogie et aussi de questions : à un moment de ma vie, je me suis demandé pourquoi je continuais la BD, d’où cela venait, pourquoi je m’accrochais alors que c’était si difficile..."
Entretien sur Radio-France