Transcript de "peur du noir"

Séquence d’une minute 30’ de Richard McGuire, Richard Mc Guire, illustrateur et graphiste américain.

Ceci n’est évidemment qu’un exemple et pas LA réponse à l’exercice.

Peur(s) du noir est un film collectif par Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Richard McGuire.
2007, France

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Scène 1 - Intérieur nuit


UN HOMME avance à pas feutrés, vouté vers l’avant, à la lumière faible d’une lampe à pétrole. Moustachu et chauve, il est de forte stature, un cou large surmonté d’un visage rond. La ligne de se sourcils barre horizontalement des yeux cernés. La lampe à pétrole qu’il porte en avant révèle dans un halo un papier peint à motif feuillus.

Il stoppe sa progression, tourne la tête vers la droite et se redresse face à l’embrasure d’un porte. Après une courte pause, il avance vers celle-ci. On perçoit un choc métallique et la porte s’ouvre dans un grincement, sans résistance. L’homme s’engouffre dans le noir et se penche rapidement à droite, lampe au bout du bras tendu. Court moment d’arrêt après lequel il pivote dans un mouvement continu vers la gauche, lampe toujours en avant, avant de disparaître dans l’embrasure de la porte.

Scène 2 - Intérieur nuit


Le profil de l’homme apparait, dédoublé, glissant de manière synchronisée. Deux visages identiques séparés par une bande blanche verticale. Avançant en parallèle, ils se font soudain face. Le regard de l’homme parcourt de bas en haut le visage qui lui fait face, puis contemple son reflet un instant.

Nous découvrons maintenant l’homme debout devant un miroir encadré d’un large bord blanc, portant un tisonnier serré dans la main droite, et la lampe dans la main gauche levée à hauteur d’épaule. Une de ses chaussures manque. Il rapproche la lampe, se déporte pour observer de près le bord droit du miroir, le corps arqué vers l’arrière. Du bout du tisonnier, il fait pivoter vers lui le miroir qui s’avère être une porte qui grince doucement en s’entrouvrant. Après avoir marqué une courte pause pour observer l’espace derrière la porte, il ouvre grande celle-ci, toujours du bout du tisonnier.

A mi-course, le miroir révèle fugacement la silhouette d’UNE FEMME grande et mince, yeux et lèvres noires sur une peau blanche d’un visage émacié, dans une longue robe à motif de grandes fleurs japonisante.

Scène 3 - Intérieur nuit

A la lumière de la lampe à pétrole l’homme parcourt des yeux une penderie au bout d’un mur à motif floral abstrait et une penderie sur laquelle sont suspendus plusieurs cintres vides et quelques vêtements à motif. Il baisse ensuite le regard et éclaire le bas de la penderie. Avec le tisonnier il écarte vers la gauche le bas des robes pendues sur les cintres, révélant une paire de chaussures de ville noir et blanches sur un parquet de bois.

L’homme se pose sur un genou, dans l’entrebâillement de la porte, pose devant lui à sa gauche la lampe et se saisit en courbant le dos d’une des chaussures en s’appuyant de la main droite sur le tisonnier. Il redresse le dos et jette un regard posé à gauche puis à droite avant de poser le regard sur la chaussure qu’il tient devant lui. Il tourne les épaules pour poser le tisonnier debout à portée de main, à l’extérieur du placard exigu, le genou gauche toujours au sol, saisit la chaussure à deux mains et l’avance vers son pied droit maintenant levé lorsque la porte se referme sur lui en claquant tandis que l’homme pousse un cri de surprise grave, projeté pied en avant dans l’espace du placard.

L’homme se précipite les deux mains en avant vers la poignée de porte, râlant, sourcils froncés. Il tourne avec force la poignée vers la gauche et la droite tout en poussant et tirant. Il s’arcboute sur la poignée, pied droit posé haut sur la porte, tête penchée sur le côté et yeux fermés, tandis qu’il émet un râle.

Ses mains glissent et il tombe à la renverse, tandis qu’un bruit d’objet métallique heurtant le sol se fait entendre. Couché, s’appuyant à l’arrière sur les mains, l’homme donne alors un coup avec le pied gauche sur la porte, yeux fermés, dents serrées. Le choc est accompagné d’un râle, et suivi rapidement d’un second coup de pied.

Une BOITE RONDE à couvercle, ressemblant à une boite à chapeau, posée sur une étagère en hauteur, tressaute alors qu’on entend l’homme donner quatre autres coups réguliers et puissants. Au quatrième coup, la boite tombe sur le ventre de l’homme qui ferme les yeux puis pousse un cri de surprise, découvrant dans la boite qui s’ouvre et rebondit au sol une TETE blanche aux yeux cernés de noir, lèvres minces noires et crâne échevelé qui roule vers l’obscurité dans un bruit mat. L’homme suit le parcours de la tête, la bouche ouverte sans émettre le moindre son, yeux grands ouverts, glissant des mains et des pieds pour faire face tout en s’éloignant de celle-ci. Alors qu’il glisse contre le mur aux motifs végétaux, sa bouche ouverte et affaissée émet un son inarticulé de plus en plus aigu, puis l’homme quitte soudain des yeux l’endroit o๠a disparu la tête pour se tourner précipitamment dans la direction de son coude droit, qu’il vient de lever dans un réflexe. On aperçoit brièvement ses dents se serrer tandis qu’un bruit de verre brisé accompagne la disparition de toute lumière dans la pièce fermée.

Dans l’obscurité totale nous entendons le son étouffé de la respiration haletante de l’homme. Après une courte pause et un frottement de vêtements, un râle accompagne un coup porté sur du bois, suivi bientôt de deux autres coup sur coup. Une autre pause rythmée part la respiration rapide est suivie par trois nouveaux coups, accompagnés de râles graves sont donnés au même rythme. Pause encore, puis quatre chocs plus rapprochés, accompagnés de râles plus aigus. La respiration est plus basse maintenant, et nous percevons des bruits de petits morceaux de verre qui s’entrechoquent, des frottements de métal, la poignée de porte secouée. Le souffle de l’homme, un grognement qui accompagne le bruit de la porte secouée, la poignée tournée rapidement et de brefs grognements entrecoupés d’une respiration rapide. Un bruit plus fort, un claquement, et un grognement bref, partant du grave vers l’aigu, puis la chute d’un objet qui rebondit brièvement clôturent la séquence.