Il s’agit donc dans cette deuxième partie d’affiner la trajectoire de votre récit, pour ensuite dérouler un step outline, qui sera le point d’écriture le plus avancé que nous pourront atteindre, probablement, dans ce travail.
Inclusion des personnages d’autres récits
Rappelez-vous que l’événement général affecte tous les récits, mais il n’est pas nécessairement le centre de votre récit.
Par ailleurs, Les moyens de faire intervenir une personne dans un récit demande de l’imagination. Vu à la télé, croisé en rue, via le pacte, sur une photo, dans un objet abandonné, dans une lettre, rapporté par une anecdote, un flash-back, etc.
Nécessité et désir de votre récit
Listez des types de conflits possibles autour de la situation que vous voulez mettre en place : Y a-t-il de la recherche chimique, une poursuite dans des couloirs, des rues ? Un combat physique, une joute oratoire, une prise de parole publique devant une foule hostile, la séparation d’avec une personne chère, un bras de fer, la traversée d’un pont, un saut dans l’eau glacée, un combat contre une bête, ou un animal à apprivoiser ? Partir de désirs et d’intuitions plastiques vous permettra de prendre plaisir dans l’écriture et la réalisation, ce qui est nécessaire pour tenir le coup dans l’élaboration d’un récit. On pourra faire le choix ensuite, pour des tas de raisons.
Notez ces éléments comme une forme de carte mentale ou géographique.
En dramaturgie, la succession de ces récits suit une logique d’intensification qui mène au climax, point le plus élevé de tension dramatique que vous voulez communiquer à votre récepteur. On peut prendre quelques libertés avec cette logique, évidemment, mais elles doivent être soupesées.
Par étapes, et par aller-retour
L’écriture est un travail intense d’aller-retour entre ligne thématique, conflits, caractère, et progression. Les hésitations et modifications ne sont pas des choses que l’on fait après le travail : ils sont le travail même.
Ligne thématique
Le récit comporte probablement, caché dans ses méandres, une ligne thématique, une forme de combat qu’il est intéressant de détecter. qu’est-ce que le succès ou l’échec du récit change pour le protagoniste et le monde dans lequel il évolue ? Quelle force triomphe dans un cas ou dans l’autre ? Les dramaturges recommandent de regarder avec honnêteté les éléments déployés dans l’écriture, parce qu’ils disent quelque chose de soi et de sa pensée profonde sur le monde, qui peut parfois être en contradiction avec les valeurs que l’on peut afficher ou penser consciemment.
Au fur et à mesure de l’écriture du récit, cette ligne peut changer, notez-là et revenez-y de temps à autre, car elle est un guide intéressant : elle permet de choisir mieux les conflits auxquels on soumet le protagoniste, et aiguiser les dialogues entre les actants. Dans le film Phatom of the opera, Swan demande à Phoenix "Qu’es-tu prête à faire pour pouvoir chanter pour moi ?", et Phoenix répond "Tout (Anything)", répond celle-ci sans hésiter, sans savoir que Swann est un prédateur, et ce que nous savons. Ceci est évidemment parfaitement aligné avec la thématique du récit, "Celui qui s’offre aux puissants se voit dépossédé de tout avant d’être détruit".
Point de non-retour
Y a-t-il un point de non retour dans ce récit ? Le point de non retour est le moment o๠le protagoniste ne peut plus échapper au conflit principal par simple abandon. Il produit généralement un effet d’accélération dans le récit, et amorce la fin de la progression dramatique.
Pause dramatique
Si le récit est tendu, pensez à ménager une pause dramatique. Un lever de soleil, une discussion détendue, la grâce d’un moment partagé, les possibilités sont nombreuses.
Quel est le climax ?
Le climax est le point le plus élevé de la tension dramatique, le moment o๠le protagoniste peut tout perdre. Bien le choisir, et bien le traiter est important.
Quelques recommandations dramaturgiques
Faites souffrir votre protagoniste : la dramaturgie étant basée sur le conflit, il parait évident que le protagoniste va endurer des épreuve. Mais par un excès d’amour et d’identification pour son protagoniste principal, les dramaturges ont tendance à les ménager. C’est évidemment une erreur. Si la cruauté peut devenir problématique ou perverse dans certaines narration, c’est souvent l’inverse que l’on trouve dans des récits mal écrits.
Motivez les actions du protagoniste : la backstory est un outil permettant la causalité "interne" de vos personnages. Pourquoi, contre toute logique, votre personnage s’entête à poursuivre sa quête ? Il faut communiquer les éléments nécessaires à cette compréhension.
Motivez les actions de tous les actants, en fait : pourquoi un personnage rencontré par hasard aide soudain, se mettant lui-même en difficulté ? Une phrase suffit parfois à donner une raison compréhensible. Si cette explication n’existe pas, on bascule souvent dans la farce, au risque de faire décrocher le spectateur. Certes, dans Adventure time, Finn aide dès les premières minutes du récit à aider n’importe qui en difficulté, mais c’est un gimmik parfaitement installé dans le récit, la caractérisation et la diégèse de la série. Dans la plupart des récits, les les motivations ne vont pas de soi.
Milkez le caractère et les spécificités de votre personnage : d’o๠vient la capacité de tel actant à réparer une mobylette ? A chanter a cappella ? A nouer une cravate ? La réponse doit se trouver dans la backstory, d’une part, mais être communiquée au récepteur de votre histoire par une phrase, un détail, une info dans une scène, si c’est important ou incongru.
Utilisez les faiblesses comme des forces : un des ressorts assez courant dans une dramaturgie (surtout en fin de progression dramatique) est le retournement des faiblesses de votre sujet en une force. Ainsi, dans le film d’animation Kung-fu panda, c’est sa gourmandise et son poids qui permettent à Po, le personnage principal, de s’entrainer puis à battre son adversaire, Tai Lung.
Soyez concret et dramaturgiques : Concrets, c’est à dire que des actions palpable doivent être pensées et écrites : pas de "il est contrarié et ils se disputent" mais des actions produisant des effets précis. Dramaturgiques, car il s’agit de présenter quelque chose qui peut s’observer : actions, attitudes et dialogues.
Résultat attendu de la séance
Un step outline permettant de dégager une structure de récit. Une réflexion sur la ligne thématique de votre récit.
Quelques envies de scènes à développer, pour préparer la dernière séance de travail.