Micro-édition
Il y a quelque chose de galvanisant dans l’auto-édition. Libre, riche, prolifique, pas besoin d’attendre une permission pour en produire, pas de business plan ingérable, on bosse avec les moyens du bord, on y met le contenu qu’on veut, on lui donne la forme qu’on veut/qu’on peut, résolument à la marge, l’auto-édition donne de la voix. Reposant sur des bénévoles, des amateurs, des passionnés, on trouvera des projets d’éditions qui s’essoufflent après 3 numéros, d’autres qui durent des années, marquant durablement une génération …. de fans.
Petit historique :
Le fanzine contraction de « fanatic magazine », est donc une édition DIY (« Do It Yourself ») : fabrication maison, pas de dépôt légal, distribution à la main, en soirée, en festival, par voie postale ou par dépôt (aux états-unis il y a les conventions, incontournables). Souvent peu gourmand en investissement, et peu rentable - on verra que ces deux aspects peuvent avoir pas mal bougé ces dernières années -, l’auto-édition offre la possibilité de distribuer facilement du contenu alternatif, militant, pointu, potache, expérimental, subversif… bref, libre. « Ne critiquez pas les médias, soyez les médias ». Côté investissement, c’est relativement simple : travail d’amateurs bénévoles, les bénéfices liés à la vente d’un numéro permet l’impression du suivant. Sa périodicité peut donc être aléatoire et sa durée de vie relativement courte.
Le premier fanzine « The Comet » paru dans les années 30 aux Etats-Unis est consacré à la science fiction et rédigé par des fans. En France, on attend les années 60 et la scène punk pour voir le mouvement exploser avec des contenus consacrés à la contre-culture, à l’activisme politique : la remise en cause d’une société hyper normée à travers le rock, le cinéma, la littérature …
Le premier fanzine consacré à la bande dessinée n’est pas dessiné : comme dans les autres domaines, on y trouve des écrits sur le sujet. La production est motivée par un besoin de légitimer cet art considéré comme mineur, et permet l’évocation nostalgique de lectures passées. Heureusement, certains lorgneront assez vite du côté d’une bd émergente, avec des interviews, des analyses, des compte-rendu de festivals, des notes de lecture…
Fin des années 70, on voit arriver les fanzines dit « de création » dans un contexte post 68 favorable à la presse alternative et au mouvement DIY. L’auto-édition est liée aux moyens de reproduction (cf stencils, ronéotype, photocopie ), ainsi qu’aux festivals dédiées à la bande dessinée qui vont émergeren Europe et constituer un noeud de rencontres incontournable. (On pense aussi aux conventions américaines). De cette vague de fanzine qui va durer jusqu’à la fin des années 90 vont émerger des auteurs et autrices majeur.e.s, une génération de critiques de la bande dessinée incontournables et quelques éditeurs. On l’aura compris, dans le milieu de la bande dessinée, le fanzine dit « de création » est un endroit de création libre, d’expérimentation qui permet aux auteurs émergents de tenter des choses, de les partager, et de rentrer en contact avec des éditeurs.
Le début des année 90 voit émerger un autre type de publication, qui n’est plus seulement un « tremplin », ou un moyen de se faire la main en dessinant ses premiers récits. L’auto-édition doit répondre à un besoin de s’émanciper d’un produit « bande dessinée » trop étroit, trop classique. Le champs « fanzine » est investi et permet l’émergence de nouvelles expériences - tant au niveau de la forme que de la narration. On ne dit d’ailleurs plus forcément fanzine, mais on parle de micro-édition, ou de bande dessinée « alternative ».
Cette bande dessinée d’avant-garde passe par des collectifs, ou des petites structures d’éditions (cf Amok, Freon, L’association, ego comme x, Vertige Graphic, FLBLB, Le Dernier Cri, Six pieds sous terre, les requins marteaux, Atrabile, Cornélius, L’employé du moi, 5c… - La plupart des ces structures éditent encore des livres). On voit aussi des publications sorties tout droit des écoles d’arts, des écoles pluridisciplinaires qui vont favoriser le contact avec de nouveaux outils et faire émerger de nouvelles formes (via l’utilisation de la sérigraphie, de la gravure, ou du numérique par exemple…), les productions ne se désignent plus forcément comme « fanzine », se situant parfois du côté du livre-objet, du livre d’image ou du recueil. On note des écoles comme les Arts Déco de Strasbourg dont sortiront des expériences collectives : Ecarquillettes ou Nyctalope par exemple, ou Emile Cohl à Lyon dont sortent la plupart des auteurs qui mène la revue Arbitraire.
Le fanzine « critique » disparaîtra quant à lui quasiment totalement avec l’apparition du net (des sites comme DU9.org éditent en ligne critiques, interviews, humeurs…).
Projet :
Vous allez mener une expérience de publication collective dont vous déciderez la forme, le mode de production, de distribution, le tirage, sa périodicité (si l’expérience devait se rerpoduire hors école), son contenu, son prix de vente s’il est vendu...
Ce projet vous appartient. Menez le à 3, à 10, à 30, faites un annuaire, un plié, ou un flip book, vous êtes les maîtres.ses à bord.
Voici cependant quelques quelques contraintes :
- minimum 3 personnes dont 1 n’est pas dans l’atelier (mais doit être dans l’école.)
- l’objet devra être plastique, il ne peut pas contenir seulement du texte. Mais il peut accueillir tout le reste.
- l’objet doit être reproduit au moins en 5 exemplaires. (noter que dans le cas d’ajouts à la main ou de tirages sérigraphiques, on ne parlera pas de tirages rigoureusement identiques).
- l’objet aura un titre.
Les publications seront fraîchement imprimées au plus tard pour les jurys.
Nous profiterons de la soirée de présentation des kamishibaïs pour faire un « lancement » à l’école.
Le travail sera auto-évalué sur les critères suivant : aboutissement d’un travail collectif, satisfaction concernant l’objet et son contenu, degré d’expérimentation, possibilité de renouveler l’expérience.
ALLER VOIR :
- http://1fanzineparjour.tumblr.com/
- Sur le fanzine en France : neuviemeart.citebd.org/spip.php ?article1168
- Sur la contre-culture et la bande dessinée : neuviemeart.citebd.org/spip.php ?article722
- fanzinothèques de Poitiers : www.fanzino.org
- fanzinothèque belge : www.lapetitefanzinothequebelge.eu
- Un fanzine carré (unfanzine.com) (hécatombe)
- La poinçonneuse (/lapoinconneuse.wordpress.com/])
- Editions abstraites (editionsabstraites.tumblr.com)
- Le journal de Judith et Marinette, Bichel édition, Flutîste, Radio as Paper, Les machines, Papier gâché, Super Structure, Lagon, Bien Monsieur !, Fidèle, éditions Vite !, Biscoto, Hôtel rustique.....
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