spoerri

Le « Eat Art » nait dans les années 1960 avec l'artiste et plasticien Daniel Spoerri. Ce courant a pour fonction l'utilisation de l'aliment dans la création artistique. Le « Eat Art » exploite le repas et la nourriture avec l'intention de désacraliser le processus artistique qui rend l'objet immuable. La nourriture étant périssable, l'Eat Art n'a pas pour vocation la production d'objets mais existe principalement à travers une réédition de sa réalisation (comme ce fut le cas à la galerie du Jeu de Paume en 2002 pour le Restaurant Spoerri).

Daniel Spoerri colle des assiettes sur des tableaux dans sa petite chambre n°13 de l'Hôtel Carcassonne à Paris. Avec le soutien de Pierre Restany et la complicité de Jean Tinguely, il va développer ce qu'il dénommera des tableaux-pièges et qui sont le point de départ du Eat Art.

Le tableau-piège fixe la fin d'un repas pour que le banal et le quotidien puissent accéder à la pérennité de l'art. Peu à peu Daniel Spoerri cherche à mettre en valeur la genèse de ces tableaux à travers l'idée du restaurant, à la fois lien social et paradigme du convivial. En 1963, il organise à Paris dans la Galerie du jeu de Paume un restaurant éphémère pour permettre aux spectateurs de créer des tableaux-pièges à leur tour. A la fin des repas, la table était fixée en tableau-piège et recevait un brevet de l'artiste avec la mention « en foi de quoi "“ pour que ceux qui ont des yeux voient "“ j'authentifie »[1]. L'Eat Art voit réellement le jour et l'aliment devient prétexte à la création.

Aujourd'hui, design et cuisine fusionnent et donnent naissance au « Design Q ».

Adrien Court