Rattrapage : la structure dramatique concentrée

Par Structure on désigne l’ensemble de " ce qui arrive " aux personnages à l’intérieur d’une histoire : événements, péripéties, situations, anecdotes. Elle est considérée comme dramatique (il faudrait dire dramaturgique) quand elle fait agir et réagir les personnages.
La structure se construit donc sur une préoccupation presque unique : la chaîne plus ou moins ferme des causes et des effets qui s’applique aux personnages. Est donc pertinent, fondateur, dans une structure dramatique ce qui génère de la cause et produit de l’effet.
Nous appellerons structure dramatique concentrée, ce modèle lorsqu’il est appliqué de façon académique, à savoir systématique et continu. Elle sera, au contraire, diffuse lorsqu’on n’y retrouvera pas l’ensemble de ses articulations fondamentales, ou qu’il s’y opèrera des discontinuités, des aberrations ou des "pauses" dramatiques.

Objectif

Construire un récit, donc un ensemble d’événements qui incarnent les moments dramaturgiques fondamentaux suivants :
1) Ouverture
2) Exposition
3) Plot I
4) Progression/Développement (qui requiert plusieurs étapes génératrices de cette progression)
5) Climax (qui appartient et constitue le sommet de la progression)
6) Plot II
7) Résolution
8) Etat des lieux.
A ces moments on peut en ajouter deux, non systématiques : l’incident déclencheur, lors de l’exposition, et le point de non-retour, lors de la progression dramatique.

Structure dramatique concentrée

On remarquera immédiatement la symétrie de cet ordre :
 A l’ouverture, qui présente les premiers ingrédients dramatiques dans leur état initial (de causalité sans effet), répond l’état des lieux, qui fait le bilan de leur état final (d’effet sans causes) au moment du baissé de rideau.
 A l’exposition, qui enracine les ingrédients dramatiques dans un état général relatif d’équilibre, répond la résolution qui leur rend leur équilibre final.
 Au plot I, qui déclenche la succession des obstacles (et conflits) producteurs de progression, répond le plot II, qui autorise leur achèvement définitif.
 Et, au cœur de l’édifice, le développement, moment de tous les conflits, à l’intérieur duquel se situe le Climax, sommet dramatique de tout l’ensemble.

La tension dramatique

La tension dramatique (l’axe vertical du schéma) va du niveau le plus bas (la sensation de tranquillité, la domination sur la situation) au point le plus haut (le climax, conflictualité maximale qui donne la sensation que tout est perdu), vous devez en tenir compte dans votre schéma.
Attention, cette tension est celle ressentie par le spectateur, pas nécessairement par les protagonistes !

L’exemple le plus connu est la définition de suspense par Hitchcock :
"La différence entre le suspense et la surprise est très simple. Nous sommes en train de parler, il y a peut-être une bombe sous cette table et notre conversation est très ordinaire, il ne se passe rien de spécial, et tout d’un coup, boum, explosion. Le public est surpris, mais avant qu’il ne l’ait été, on lui a montré une scène absolument ordinaire, dénuée d’intérêt. Maintenant, examinons le suspense. La bombe est sous la table et le public le sait, probablement parce qu’il a vu l’anarchiste la déposer. Le public sait que la bombe explosera à une heure et il sait qu’il est une heure moins le quart - il y a une horloge dans le décor ; la même conversation anodine devient tout à coup très intéressante parce que le public participe à la scène (...). Dans le premier cas, on a offert au public quinze secondes de surprise au moment de l’explosion. Dans le deuxième cas, nous lui offrons quinze minutes de suspense".
La tension dramatique donc ce qui est ressenti par le spectateur, et les mécanismes pour la créer sont nombreux et le résultat de la créativité. Une situation malaisante (une discussion avec un ami qu’on découvre soudain raciste) peut produire une tension plus forte qu’un homme au regard noir armé d’un bazooka, en fonction de la qualité d’écriture et de réalisation. Si nous voyons des personnages s’agiter autour d’une bombe dont nous savons qu’elle est désamorcée, la situation nous semblera drôle et sans la moindre trace de tension, même si les protagonistes poussent des cris d’effroi.

Étape 1 : analyser un récit

Pour s’échauffer un peu, il est demandé dans un premier temps d’analyser un récit que vous aimez et qui vous semble assez riche.
Identifiez les protagonistes. Essayez d’indentifier leur caractère.
Sur une feuille A3, dessinez la structure et les différents points de structure, et identifiez-les dans le récit, avec leur timing.
Par exemple : 10:23 Incident déclencheur -> Luke Skywalker, chipotant le robot R2D2, fait apparaitre un message de la princesse Laïa demandant l’aide de Obiwan Kenobi.
Cette partie est à remettre après les vacances de Pâques.
 > Voir un exemple d’analyse à propos de Blonde platine d’Adrian Tomine ou de Little Miss sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris.

Étape 2 : créer un récit

Piochez le ou la protagoniste dans une réserve d’images. Nommez ce protagoniste.

Piochez 4 images que vous placez sur la progression dramatique. Chacune de ces images illustre une scène, que vous allez écrire sous la forme du step outline, un texte court et plein d’informations sur la scène : qu’est ce qu’on voit, qu’est ce qu’on entend ?
Une scène est une unité de temps et de lieu, ce qui veut dire que chaque scène se passe dans un lieun et temps différent. les flash back sont autorisés.

Pensez bien à la progression dramatique : chaque obstacle après le plot devient plus intense en tension dramatique. Comme déjà évoqué, cette tension est celle que le spectateur vit, pas celle vécue par les protagonistes !

Développer le récit

Faites un récit complet de cette structure, sous forme de bande dessinée, d’illustration, de bande sonore, etc. La forme est libre, mais faites justice à la structure.

Rendu final

Le rendu final est constitué du step outline et du récit, une histoire cohérente et complète de l’ouverture à l’état des lieux.