Déjà, dans l’imaginaire collectif, c’est un homme — les femmes ont par défaut un rôle secondaire. La vision que nous avons de la préhistoire est largement stéréotypée, le produit d’une construction culturelle, largement diffusée à partir des années 1950, visant à justifier une certaine forme d’organisation sociale : les hommes dominent et travaillent, et les femmes, passives, restent à la maison. Dans cette représentation, l’homme préhistorique est un chasseur solitaire et robuste, armé d’une massue, affrontant vaillamment les bêtes sauvages pour nourrir sa tribu.
Or, cette image héroïque et viriliste occulte la réalité anthropologique. En effet, la plus grande partie de l’alimentation des premiers groupes humains ne provenait pas de la chasse, mais bien de la cueillette et du piégeage de petits animaux. Ainsi, il est fort probable que les tout premiers outils conçus par l’humanité n’aient pas été des armes, mais des récipients : paniers, sacs, foulards – tout ce qui permet de porter, de transporter les fruits de la glane quotidienne.
La forme narrative dominante de notre culture, centrée sur le héros conquérant, suit une trame simple et spectaculaire : un individu brave le danger, tue, triomphe. Cette structure dramatique est puissante – elle fait une "bonne histoire". Mais qu’en serait-il si nous adoptions un autre modèle narratif ? Si, au lieu de la massue, nous prenions pour symbole fondateur de nos récits le panier ? Si, au lieu du héros solitaire, nous choisissions de raconter l’histoire d’une communauté solidaire, d’un collectif qui s’organise, partage, s’entraide ?
Ce renversement de perspective ouvre la voie à une relecture profonde de nos récits fondateurs – et de nos valeurs.
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Exercice
– Constituez des groupes de 3 à 5 personnes.
– Chaque personne commence par créer un personnage.
– Voici la situation dramatique : un trésor est caché, et c’est à vous de définir ce que c’est (la pierre philosophale ? le plan d’un labyrinthe secret sous l’erg qui mène directement à une fame éblouissante ? un gâteau aux amandes de Koulepis ? on vous laisse libre). Ce trésor caché, une seule personne peut le remporter.
– Comment allez-vous faire pour former une communauté solidaire dans ce contexte a priori compétitif ? Comment allez-vous gérer les conflits ? Et d’un point de vue narratif, comment allez-vous construire cette narration sans conflit ? On vous invite à creuser la possibilité d’un renversement, d’un twist, comme on en trouve chez Miyazaki, Apitchatpong Weerasethakul, et de nombreux mangas.
Conseils et méthode
Chaque personnage doit avoir une part active dans le récit proposé, sur un mode qui lui est spécifique.
Il vous est demandé de créer un récit dans lequel le cheminement implique d’autres ressorts, d’autres types de conflits. Par exemple, la coopération, l’introspection, la résolution de conflits internes, l’entraide psychologique, le pacte, etc. Ce cheminement fera émerger une résolution du conflit central inattendue, mais liée à l’une ou l’autre des lignes thématiques qui auront émergé au cours de l’écriture.
Utilisez des outils visuels (lignes temporelles, cartes, images) pour vous aider à créer une ligne du temps. La causalité (un événement a des conséquences sur le groupe, son énergie, ses savoirs, les objets dont il dispose) permet de guider la construction.
Notez les idées, acceptez celles de chacun, donnez à chaque personnage une place.
Négociez les résolutions en célébrant la fantaisie plutôt que la probabilité.
Rendu
Le récit final prendra la forme d’un synopsis de deux pages A4 environ, permettant l’identification des protagonistes, des étapes du récit et de sa résolution quelle qu’en soit la forme. Si le temps le permet, les récits seront lu en classe.