Story, écrire un scénario, de Robert McKee

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Par stephane, 11 août 2019

McKee est un des gurus de l’écriture de scénario holywoodien. A partir de 1983, il crée une série de cours à l’Université de Californie du Sud, qui deviendront des séminaires sur l’écriture de scénario et de dialogues pour le cinéma et la télévision du nom de « Story ».

Inutile d’attendre de lui une vue intéressée sur la création dite « indépendante ». McKee est assez clair dans son « Écrire un scénario »: il positionne tous les films à l’intérieur d’un triangle en pointe, et le coin supérieur est occupé par ce qu’il nomme « l’intrigue principale », forme canonique du récit, représentés par de nombreux exemples comme Casablanca ou Chinatown. En bas se placent la « mini-intrigue », version dégradée de celle-ci, qu’il assimile au film « européen » ou « d’auteur », pour lesquels il manifeste une certaine condescendance (même s’il leur reconnait quelques qualités). Enfin, le coin inférieur droit est occupé par « l’anti-intrigue », version anti-conformiste de l’intrigue principale, uniquement appliquée à faire le contraire de la version canonique des récits, ce qu’il considère comme puéril et contre-productif.

McKee considère donc une grande partie de la production dite d’auteur (avec une critique assez juste du terme), qu’il associe à une certaine production européenne, comme snob, et adolescente, toute occupée qu’elle est à faire le contraire de ce qui est reconnu comme fort et efficace. Certains moments portent à rire tellement son discours paternaliste ne laisse aucune place au doute.

Si les gros points de mécanique narrative sont ce qui intéresse l’auteur et concentrent son travail d’analyse, son système de pensée peine à saisir les qualités intrinsèques de récit ailleurs que dans cette mécanique. Et c’est un peu normal, puisque l’auteur s’intéresse à la narration par le prisme de l’écriture de scénario. La relation entre écriture et medium utilisé pour la réalisation n’est pas de son ressort, et est largement ignorée. La partie du livre dédiée à l’exploitation des spécificités du cinéma est résumée à un chapitre court et peu documenté.

Mais une fois ce cadre posé, le livre reste celui d’un homme intéressé et influent dans le milieu du cinéma, et cette lecture permet de comprendre par ricochet un bon nombre de réflexes d’écriture présents dans la plupart de récits dits « mainstream » auxquels nous sommes exposés.