Ironie dramatique

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Donner au récepteur une information que n’a pas un, plusieurs ou tous les protagonistes d’un récit. Le film catastrophe base sa mise en place tout en suspense par ce genre de truchement : un barrage se fend dans ses profondeurs, et nous assistons au réveil routinier du village en contrebas, la discussion sempiternelle entre la veille femme angoissée qui craint l’édifice depuis toujours et le débonnaire, aveuglément confiant dans la parole des experts, qui l’infantilise.
L’ironie dramatique se termine généralement par une scène de révélation où les protagonistes reçoivent l’information. Cette information peut produire une grande variété d’effets sur les protagonistes et par ricochet sur le récepteur. Une révélation sans conséquences peut être vécue comme un défaut d’exploitation, et donc être frustrante, tout comme l’absence de révélation. Ces deux défauts peuvent être intentionnel, mais ils sont souvent le signe d’un défaut d’écriture.
Dans sa version rapide, l’ironie dramatique peut se jouer en un seule scène : le protagoniste fait face à dix brutes menaçantes qui, au moment d’attaquer, s’immobilisent soudain, puis fuient à toutes jambes. Nous découvrons que derrière le protagoniste se tient un monstre puissant, mais le protagoniste, qui n’a pas encore cette information, sourit d’aise, un peu étonné ou franchement satisfait, suivant le degré de comédie.
Voir aussi suspense et quiproquo.