Une histoire complète, partie 1 : structure de base

Pour démarrer ce récit, nous nous appuierons, littéralement, sur le concept de structure concentrée. Un forme définie de longue date de récit en 3 actes permettra un exercice de divination comme nous les aimons.

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But de l’exercice

Il s’agit ici de produire un récit contenant une série d’éléments structurants : personnages, lieux, objets. Il s’agit ensuite de les placer sur une ligne de temps, dans un moment clé d’un récit à venir, et de faire émerger celui-ci avec une prise de notes.

Déroulé

1) Pour entamer cet exercice, on se basera sur le hasard en piochant une série d’images, rapidement. Le but n’est pas de trouver des images et mots qui vous parlent, mais des éléments avec lesquels vous puissiez démarrer. L’un de ces éléments doit être un décor en plein air.

Vous déterminez dans les éléments piochés : trois "personnages" (humains, non humains), trois lieux, deux objets. Nommez ces éléments, soyez précis. Non pas "une clairière" mais plutôt "un clairière aux abords de l’autoroute E40". C’est plus propice à l’imagination, plus drôle et souvent plus engageant, l’air de rien. De nouveau, invoquez le hasard et appuyez-vous sur la matière de l’image, soyez rapides, il est évident que l’écriture modifiera en partie ou en tout ces éléments, mais on ne part pas avec l’idée de flou parce qu’elle produit trop souvent de l’inconsistance.

3) Associez un caractère à vos personnages. Les caractères guideront le comportement de vos personnages. Un caractère par personnage suffit, mais associer deux caractères est possible.

4) Sur une feuille A3, tracez une structure narrative de base. Piochez une nouvelle image, qui devient par la magie de cet atelier le symbole du plot, (1) sur le schéma ci-dessous : un noeud important du récit, puisque votre personnage principal y reçoit son objet. Décrivez cette scène en quelques phrases : où, qui, quoi.
Où est un de vos 3 lieux
Qui est votre protagoniste et son destinateur
Quoi est la quête

5) Piochez une nouvelle image et placez là au bout de la progression dramatique en bas de la montagne du climax. C’est votre plot 2, la fin des péripéties. On sait à ce moment si la quête est obtenue ou pas. Un noeud important lui aussi, que vous décrivez, sur le même mode (où, qui, quoi).

6) Piochez deux images encore, et placez-les au début et à la fin du récit. C’est sont les scènes d’ouverture et d’état des lieux. Elles permettent de mesurer l’écart entre la situation initiale et la fin du récit. Qu’est-ce qui a été modifié ? Regardez les images et décrivez les deux scènes.

7) Une image au hasard encore, que vous placez au point le plus élevé de votre histoire : c’est le climax. Le conflit le plus élevé, l’obstacle le plus fort de votre personnage. Il éclaire la question thématique (voir ici et ici) de votre récit, puisqu’il dit ce qui est le plus difficile pour lui, et sanctionnera la réussite ou l’échec de sa quête. Ceci vous permet d’éclairer la ligne thématique de votre récit, c’est-à-dire ce qui est en jeu dans votre récit.

8) Tout ceci est l’ébauche d’un récit, il s’agit maintenant de créer les obstacles et conflits qui mènent à ce climax, et de placer dans l’exposition les scènes nécessaires à rendre crédibles, probables ou nécessaires ceux-ci.

9) Ecrivez le step outline de ce récit en suivant l’ordre du récit. Soyez explicite et soyez le plus dramaturgique possible dans votre écriture : décrivez les actions par les comportements, pas par des métaphores.

10) Vous avez travaillé vite et il reste un peu de temps ? Trouvez des images pour préparer l’une ou l’autre scène qui vous inspire, et préparez (dessinez, stroryboardez, découpez) des éléments de ces scènes.

Travail produit en fin de séance

Une ligne de temps annotée, un step outline, quelques ébauches plastiques éventuelles.

Remarques
La ligne horizontale décrit le temps du récit, de la gauche (début) à la droite (fin). Il s’agit du temps du récit, c’est à dire ce que le récepteur découvre. Une scène peut être un flash-back ou flash-forward, c’est à dire se dérouler dans un temps chronologiquement différent !

La verticalité représente la tension dramatique, c’est-à-dire la tension que vous communiquez au récepteur du récit. La tension dramatique peut être différemment ressentie par les protagonistes et le récepteur. Typiquement, si nous savons qu’un meurtrier est derrière la porte, mais que le ou la protagoniste fait la vaisselle en sifflotant dans l’ignorance, c’est le récepteur qui stresse, et la tension est donc élevée.

Document projeté

Un épisode de la série Twilight Zone : The shelter, réalisé par Lamont Johnson, 1961.