Caractérisation : le portrait croisé

La caractérisation est un des piliers de la dramaturgie. Camper des personnages consistants, identifiables, a plusieurs vertus : permettre l’identification, générer de multiples affects (pitié, répulsion, empathie ou antipathie), comprendre les conflits internes futurs et donc amener le récepteur à l’intérieur du récit.

On distingue en dramaturgie le caractère (interne, caché, structurant de l’intérieur un personnage) et la caractérisation, qui est la manifestation de ce caractère dans diverses situations.

En dramaturgie, on concentre au maximum le caractère. Si nous sommes construit de multiples caractères, et sommes parfois en contradiction avec nous-même, la dramaturgie réduit le spectre à quelques-uns, voire à seul caractère chaque actant. Le temps du récit est court, et le temps dédié à donner accès à l’intériorité encore plus. Par ailleurs, une fois campé, le caractère peut continuer à se déployer dans la durée d’un récit.

Caractériser un protagoniste, c’est exposer son caractère à travers son apparence, ses attributs (objets, décors), ses paroles, ses actions et les rétroactions des autres protagonistes.

> Quelques tips sur la caractérisation dans le lexique sur ce site

Déroulé de l’exercice

Créer un caractère
Constituer une équipe de deux personnes. Chacun pèche un caractère dans la liste fournie.
Pour que le caractère (intérieur) devienne caractérisation (visible), il faut créer des situation propices. Chacun lisse son comportement par conformité, politesse, imposition de l’extérieur. Il s’agit de trouver des situations, quotidiennes ou extraordinaires, qui seront propices à l’expression du caractère de votre personnage.
Chacun liste donc quelques situations possibles, dans un double axe : intime -> public, ordinaire -> extraordinaire.
Il s’agit ensuite de décrire en quelques lignes le déroulé d’un choix de situations, sous une forme comportementale : qu’est-ce qui est vu, qu’est-ce qui est entendu ?
décrivez la scène à votre partenaire. S’il reconnait le caractère, c’est gagné. Si pas, demandez et demandez-vous pourquoi ce n’est pas le cas. Changer de situation ou le type d’action pour s’approcher au plus près de l’évocation du caractère.

Créer une rencontre
Dans un second temps, il s’agira de produire la rencontre de deux caractères, en cherchant quelle situation la rend possible. Pour cela, un objectif secret ou explicite est donné à l’un des deux protagonistes. Cet objectif doit générer du conflit : un des deux personnages empêche l’autre d’atteindre son objectif, volontairement ou involontairement. Là aussi, il s’agit de faire preuve d’ingéniosité.

La scène doit être décrite de manière courte et comportementale, elle comportera probablement des dialogues, mais il est important de se soucier du lieu, de la description des personnages et de leurs attributs.

Donner à voir
Enfin, tentez de donner forme visuelle à ce travail : dessin, photo, son, vidéo animation, performance filmée ou un mélange improvisé de tout ceci.
Quelques résultats sont montrés en classe en fin de cours.

Matériau produit

Une liste de scènes, le développement en quelques scènes comportementales, une rencontre et quelques éléments visuels et/ou sonores.

Évaluation

Un petit rapport, contenant les traces du travail réalisé, sera assemblé en fin de court.

Extraits potentiels

Les exemples sont nombreux, très nombreux.
La photographie La terreur de la guerre de Nick Ut, 1972
La peinture "L’oeil au beurre noir" de Norman Rockwell
Quelques images de Ray’s a Laugh de Richard Billingham, 1997
La scène d’ouverture de There will be blood de Paul Thomas Anderson, 2007.
Un extrait de Me, you and everyone we know de Miranda July, 2005
Un extrait de la série Stranger things de Matt et Ross Duffer, 2016
Un extrait de Another year de Mike Leigh, 2010
Une scène de The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, 2014
Un extrait de Blanche neige et les 7 nains de Disney, 1937
Un extrait de La guerre des mondes de Steven Spielberg, 2005
L’ouverture de The mask de Chuck Russell, 1994
La planche d’entrée de Lapinot et les carottes de Patagonie de Lewis Trondheim, 1992
Une scène du premier épisode de la série Counterpart de Justin Marks, 2017
Une scène de Die Hard 3 de John McTiernan, 1995
Un extrait de Handmaid Tales, de Bruce Miller adapté du roman de Margaret Atwood, 2017
La vidéo Le clou de Monsieur Delmotte, 1994
Les premières pages de Monsieur fruit de Nicolas De Crécy, 1995
Une scène de Who framed Roger Rabbit de Robert Zemeckis, 1988.

Durée de l’exercice
Une séance.