Joëlle Tuerlinckx
… L’artiste intègre dans sa production une multitude de choses qui provoquent une esthétique de l’hétérogénéité, du varié et de l’hétéroclite par constellation. Il y a évidemment ce choix pour ce qui n’a plus de qualité, ce qui a été rejeté, ce qui est détritus. Enormément de ses supports sont des choses trouvées, prélevées, en provenance du réel et du quotidien mais qui n’ont plus d’utilité ni de fonction économique. Dans une perspective dénuée de toute logique dogmatique, l’artiste les récupère et les utilise comme supports d’expérimentations. De cette revendication d’un anéantissement de la sophistication – entendue ici au sens classique –, Dirk Snauwaert propose une terminologie particulière : celle de l’élémentaire.
Rozenn Canevet
Sylvie Eyberg
Loin d’être l’expression d’une vérité qui se livrerait à l’observation, les images extraites et recadrées par découpe de Sylvie Eyberg, en appellent à une ‘interprétation’ que seul le recours au langage – soit-il celui de l’image – rend possible. Dès lors, les conditions d’émergence de l’objet de sa recherche (comment sont construites les images) se trouvent liées aux conditions de production des énoncés des images par leur publication originelle (que me disent-elles et que leur fait-on dire). S’agissant bien là de photographie et pour mieux en cerner les enjeux, elle se doit d’être ici étendue à la notion d’acte et non réduite à celle de médium. Si le fragment que prélève la main de Sylvie Eyberg se révèle aussi acéré que celui qu’opèrerait l’œil d’un photographe dans un quelconque instant décisif, leur intentionnalité comme leur temporalité divergent. L’extrême lenteur durant laquelle l’appropriation des images opère est assignée à une suite de gestes opérationnels, quasi scientifiques: fouille, prélèvement, échantillonnage, classement, affiliation, indexation, restauration, restitution. Gestes qui tous, d’une certaine manière, se trouvent être le sujet visible de nombre d’œuvres. « Ce qui a le plus d’importance (…), c’est la relativité des images entre elles (…), ce n’est pas le fait extérieur qui intéresse vraiment, c’est l’émanation intérieure, un certain mouvement des choses et des gens (…). » Le certain mouvement dont il est question ici – au féminin – entre photographie et cinéma si caractéristique du travail de Sylvie Eyberg, entraîne un autre mouvement, historique celui-là.
Renaud Huberlant
On Kawara
Martin Parr
Couleurs saturées, flash décomplexé, Parr suit les anglais dans leurs usages sociaux, vacances dans des bords de mer pollués pour les pauvres (glaces géantes, hot dogs géants dégoulinants de moutarde), garden parties pour les riches (sourires de façades, visages ravagés sous le fond de teint rosé), tour de Pise et vallée des rois pour la middle class (15 personnes faisant mine de redresser la tour, photo de groupe devant le parthénon).
Une photographie jamais revendicative, mais un miroir sans pitié des moeurs de l’anglais, et par généralisation, de l’occidental. Obésité, mauvais goût, surconsommation, petites rapines.
Stéphane Noël
Nathalie Czech
« Hidden Poems » shows photographs whose material basis consists of magazines, newspapers, or illustrated books. In the visible sections of text, individual words have been highlighted using a pencil or marker pen. Read in sequence, the words form a poem that appears like a single thought, a snapshot of sorts, engaging in a dialogue with the remaining text and the adjacent illustrations
Saâdane Afif
Saâdane Afif développe depuis les années 1990 une œuvre qui peut s’appréhender sous deux angles. D’une part, il met en place de nombreux projets faisant référence à l’univers de la musique pop, et d’autre part, il crée des œuvres empreintes de mélancolie, échos aux vanités traditionnelles, avec l’image du crâne notamment.
L’artiste passe régulièrement commande de textes de chansons en lien avec ses travaux. Ces commandes répondent à des règles très précises. A la fois émanation et prolongement du sens d’une œuvre donnée, ces textes sont devenus les matériaux mêmes du travail de l’artiste.
‘Untitled (Everyday)’ (2004-2006)
The stack is expanded every day by the day’s local newspaper.
Thomas Galler
“War is over” est à l’origine une chanson de Lenon et de Yoko Ono enregistrée en 1971 à New York. Actions pacifistes menées par les 2 artistes.
En 2004, Thomas Galler séjournant à New York repère le slogan dans une page de magazine « Village Voice ». Il choisit de la détacher du support et de l’exposer avec la page opposée, située normalement à l’autre bout du magazine. Elle est couverte d’annonces pour escort girls, en total décalage avec les espoirs féministes et pacifistes des années 70.
Fernando Bryce
Fernando Bryce poursuit inlassablement la chronique d’une mémoire collective et d’une actualité inévitablement effacée par l’actualité suivante. Obsédé par le temps qui passe, Bryce tente de reproduire en noir et blanc et à la main toutes ces traces oubliées. L’artiste mesure ainsi le flou et la distance qui se creusent entre une information que l’on reçoit et le dessin qui la représente.