Extrait de « Un barrage contre le plastique »

Depuis 1950, l’humanité a produit 8,3 milliards de tonnes de plastiques, dont seulement 12% ont été incinérés et 9% recyclés. Le reste a fini dans la nature. Au mieux, enfoui en décharge, mais en bonne partie abandonné un peu partout dans notre environnement. Or la plupart de ces détritus sauvages terminent leur course, de ruisseaux en fleuves, jusqu’à la mer. On estime que près de 10 millions de tonnes d’objets en plastique, principalement des emballages et autres contenants à usage unique, sont déversées chaque année dans les océans et finissent dans les fameux gyres, où ils se désagrègent petit à petit. Ces amas, que l’océanographe et skipper américain Charles J. Moore a identifiés pour la première fois en 1997 et baptisés «continents de plastique », sont situés à l’écart des routes maritimes, donc loin des yeux. Longtemps considérée comme un simple désagrément esthétique, notamment sur les plages, cette pollution pourrait néanmoins avoir déjà fait, à notre insu, des dégâts bien plus graves sur le milieu marin…

de Stefano Lupieri / lesechos.fr

Un barrage contre le plastique

Une matière plastique ou en langage courant un plastique, est un mélange contenant une matière de base (un polymère) qui est susceptible d’être moulé, façonné, en général à chaud et sous pression, afin de conduire à un semi-produit ou à un objet.

Le mot « plastique » dérive du latin plasticus, lui-même issu du grec ancien plastikós, « relatif au modelage », dérivé du verbe plássein, « mouler, former » dont dérive aussi le mot plasma.

1. Choix d’un signe.

Collecter des signes graphiquement au point et visuellement forts (formes, couleurs, type d’écriture…). Ces signes (symboles, formes géométriques, texte, représentations, traces…) sont prélevés dans diverses pratiques comme le graphisme, la peinture, la sculpture, le street art, l’univers musical, le design…

Récolter des rebuts, déchets, reliquats de plastique, résidus de nos consommations quotidiennes et traduire le signe en 3D.

2. Passage de la 2D à la 3D

Le signe est constitué d’un ou de plusieurs objets répétés, d’un ou de matériaux plastiques assemblés, juxtaposés, organisés de telle façon à créer ce signe. Les objets ou matériaux sont en plastique > vous pouvez découper, graver, gratter, enduire, coller, chauffer, chercher des liens…

Unité ou diversité dans les éléments constituant le signe, notion de répétition, d’agencement, de composition, de construction, de structure…

Important de s’interroger sur le sens véhiculé par : le choix du signe associé au choix des matériaux mis en scène… Qu’est-ce que cela crée? Décalage, étrangeté, humour, poésie, …

3. Présentation

La réalisation obtenue ne sera pas simplement accrochée ou posée.

La présentation fera preuve de préoccupations spatiales. Comment l’œuvre entre-t-elle en relation avec son milieu (espace et spectateurs compris)? Comment agit-elle ou s’inscrit-elle dans celui-ci?

Renforce-t-elle un sentiment de planéité, de verticalité…(2D / 3D)? Est-elle installée à hauteur du regard ?

Se limite-t-elle à une zone spatiale clairement définie, ou au contraire vise-t-elle à l’envahissement ?…

Pour finir, le travail s’achèvera par une prise de vue de l’oeuvre réalisée dans un contexte en adéquation avec celle-ci.

4. Références

• artistiques
Sophie Hélène
Tony Cragg
Xavier Mary
Kendell Geers
Sarah Sze
Tara Donovan
Richard Long
Jorge-Gamboa
Carlos Bonil 
Anu Tiominen
Tokujin Yoshioka
Sue Webster et Tim Noble
Benoît Plateus
Edith Dekyndt
Plusieurs angles de recherches peuvent être menés autour de ce composant qu’est le plastique:
• Angle historique, étymologique
Depuis quand le plastique existe-t-il? Comment est-il fabriqué? Quels sont les différentes matières qui le composent?

• Angle anthropologique

On constate que les premiers outils/objets fonctionnels étaient des récipients, conçus pour transporter de la nourriture et dont la matière première devait être la plus légère possible.On retrouve des traces de ces 1ers contenants fabriqués avec de l’argile ou de la résine. Le plastique semble être issu de cette recherche d’un matériau léger et inaltérable.

« The first cultural device was probably a recipient. . . Many theorizers feel that
the earliest cultural inventions must have been a container to hold gathered
products and some kind of sling or net carrier.” 
Elizabeth Fisher in Women’s Creation (McGraw-Hill, 1975).
• Angle politique
Le plastique est une matière issue de l’ère industrielle et pétrolière dont certaines formes sont devenues emblématiques. Une de ses spécificité plastique est le moulage. Cette faculté a permis l’inscription des marques et de leurs logo par le thermoformage sur les emballages et contenants de leurs produits. Une réflexion se pose dès lors sur les signes produits par des objets usuels comme la bouteille en plastique et leur emblématisation par les marques. Le plastique serait-il l’emblème-même de notre société de consommation?
Il est intéressant de constater comment une matière et des formes non propriétaires subissent le phénomène de la privatisation par les marques.
• Angle du féminisme
Dans le texte  « The Carrier BagTheory of Fiction”, Ursula K. le Guin nous parle de ces objets qui « contiennent » en opposition aux outils contondants.
Dans ses différents états, le plastique peut être tissé (tissage des filets), moulés (contenant dont la matière est à la fois légère et solide), solide ou souple le plastique peut devenir une enveloppe, un sac…
Du latin plasma (« forme, figure »).
• Angle écologique
Il faut distinguer les termes:
Réutilisation:
Toute opération par laquelle des matières, des 
substances ou des produits (qui sont devenus des 
déchets) sont utilisés de nouveau.
Réemploi: 
Toute opération par laquelle des matières, des 
substances ou des produits (qui ne sont pas des 
déchets) sont utilisés de nouveau et pour un 
usage identique à celui pour lesquels ils avaient 
été conçus.
Recyclage: 
La technique permettant de récupérer des matériaux comme des 
métaux, des plastiques, des bois, d’autres déchets industriels 
et des ordures ménagères pour les réintroduire dans le cycle de 
production d’un objet.
Upcycling:
De son côté le surcyclage (ou upcycling) permet de récupérer des matériaux ou des produits afin de les revaloriser. On recycle donc « par le haut », en produisant des objets dont la qualité est supérieure au matériau d’origine. (exemple: les sacs Freitag). Ce terme est utilisé dans la mode par exemple.
 

5. Bibliographie

Sur la question du signe

— L’animal signé, Henri Van Lier

— L’homme et ses signes, Adrian Frutiger

— Tim Ingold, Une histoire de ligne, zones sensibles
  
Sur la question de l’usure et du réemploi
— Usus/usures Etat des lieux, Rotor, Editions Communauté française Wallonie Bruxelles
— Déconstruction et réemploi, Rotor, Presses polytechniques et universitaires romandes